
Association Nationale de la Chèvre Miniature Française
Paratuberculose ou maladie de Johne
Il s'agit d'une maladie due à la bactérie des bacilles Mycobacterium Avium Paratuberculosis (MAP), celle-ci est poche de la bactérie de la tuberculose et affecte les ruminants domestiques et sauvages.
La paratuberculose serait d'importance majeure chez les caprins, bien que sous-diagnostiquée.
La bactérie est très résistante dans le milieu extérieur, on estime qu’elle peut survivre jusqu’à 18 mois. Les terrains pauvres et humides, carencés en calcium et riches en fer sont particulièrement propices.
Il existe deux modes de transmission de la maladie :
- la transmission oro-fécale, jugée comme étant la plus fréquente. Les jeunes animaux d’environ moins de 6-12 mois se contaminent en ingérant la bactérie (eau, aliments ou trayons souillés), ou en buvant un lait/colostrum contaminé.
- la transmission verticale, qui a lieu in utero (cas d’une chèvre hautement excrétrice).
-
Contrairement aux bovins, les caprins semblent présenter peu de signes cliniques. La maladie provoque une entérite chronique hypertrophiante, elle se manifeste par un amaigrissement progressif et une anémie conduisant à la mort.
-
Les diarrhées sont beaucoup plus rares que chez les bovins (seulement dans 10 à 20 % des cas).
-
Une chèvre contaminée n’entre en phase clinique que tardivement, généralement entre 1 et 7 ans suite à un stress (mise bas, changement d’environnement, parasitisme…). Elle peut également ne jamais se manifester, mais être excrétée par des animaux “porteurs sains”.
-
Ce qui rend la paratuberculose insidieuse et difficile à contrôler, c’est qu’elle évolue ainsi sur une longue durée au sein d’un troupeau.
Au sein d’un cheptel atteint par la maladie, on peut distinguer plusieurs types d’individus :
- les individus en phase clinique, fortement excréteurs (jusqu’à un milliard de germes par jour)
- les individus excréteurs “intermittents” asymptomatiques (jusqu’à un million de germes par jour)
- les individus séropositifs non excréteurs
- les individus séronégatifs, non excréteurs, en phase d’incubation ou non exposés à la bactérie durant leurs premiers mois de vie.
-
Aucun traitement n’est disponible, l’issue est donc toujours fatale. Une antibiothérapie peut être mise en place afin de limiter les symptômes en phase clinique, même si aucune efficacité n’a été réellement prouvée.
Il existe deux moyens afin de dépister la paratuberculose sur un animal vivant :
- le test PCR (détection moléculaire) à partir des fèces, du lait ou des tissus. Ce test est fiable à un instant T et permet de mettre en évidence les animaux excréteurs.
- la sérologie ELISA, il s’agit d’un test sanguin visant à détecter des réactions immunitaires à médiation cellulaire. Ce test a une sensibilité limitée, un résultat négatif sur un individu n’est donc pas très fiable (détection de moins de 30% des animaux contaminés). Ce test permet de mettre en évidence les animaux séropositifs (ils ne sont pas forcément déjà excréteurs)
Lors de l'autopsie, on observe un épaississement de la muqueuse de l'intestin grêle et des lésions caséeuses ainsi qu'une hypertrophie sur les ganglions lymphatiques médiastinaux. L'observation peut se compléter par une coloration de Ziehl-Neelsen sur un prélèvement d'intestin et/ou de ganglions envoyés au laboratoire.
Ces deux tests sont réalisés de préférence à partir de 18-24 mois, de façon combinée et surtout répétée au fil des ans. Ils peuvent cependant être effectués plus tôt, il est en effet possible de détecter des cas à partir de 6 mois (assez rare).
-
Il existe un vaccin espagnol accessible en France sous conditions, le GUDAIR. Il est particulièrement indiqué dans la gestion d’un troupeau contaminé par la maladie. Le vaccin ne permet pas d’éviter la contamination et l’excrétion, mais simplement de limiter les symptômes en phase clinique. Il n’est donc pas recommandé de l’utiliser en élevage “indemne” puisqu’il n’est pas utile et qu’il ne permet plus le dépistage en sérologie ELISA.
-
Les cerfs seraient les ruminants les plus sensibles à la paratuberculose, et donc également les plus excréteurs. A contrario, les chevreuils en sont rarement malades. La contamination par les animaux sauvages est rare mais pas impossible, il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès de l’ONF pour avoir des informations concernant les populations de cerfs près de chez soi. Les lièvres seraient également un réservoir potentiel de la maladie.
En élevage de miniatures, la maladie a été quasiment inexistante en France pendant très longtemps, d’où le fait que des élevages entiers puissent ne pas avoir eu un seul positif malgré leur ancienneté. Ces dernières années, avec la montée en flèche du nombre d’élevages, de marchands et d’échanges de reproducteurs entre ceux-ci (les achats de reproducteurs s’effectuant bien souvent dans la France entière et à l’étranger), de nombreux cas ont fait leur apparition.
Que faire en cas de contamination ?
Quelques pistes de protocoles élaborés et réfléchis par des vétérinaires en cas de chèvres revenant positives aux tests :
-
Au sein d’un élevage, il est vivement recommandé de sortir très rapidement du cheptel tout animal positif (PCR ou ELISA) et de les exclure de la reproduction. Il est alors possible de l’isoler définitivement tout en le conservant chez soi, en prenant des précautions afin de ne risquer aucune contamination des animaux sains. A condition de prévenir le futur acquéreur, il est également possible de placer cet animal pour compagnie, sachant qu’il peut rester porteur sain pendant de nombreuses années voire pendant toute sa vie.
Nous nous positionnons absolument contre l’euthanasie en dehors des cas cliniques en fin de vie, il n’est pas entendable d’euthanasier des animaux de compagnie en bonne santé clinique.
-
La vaccination est toute indiquée pour ces animaux positifs, et serait à refaire tous les 2 à 4 ans (il n’y a pas de rappel lors de la primovaccination, c’est une injection unique). Celle-ci permet de limiter en partie la rapidité d’apparition des symptômes et leur intensité.
-
Une perte en protéines et un amaigrissement peuvent déclencher la maladie, il est donc très important d’être encore plus vigilant vis-à-vis du parasitisme pour ces animaux.
-
S’il s’agit d’une femelle, il sera également important de se séparer de son/ses chevreaux qu’elle aurait pu contaminer.
Suite à cela, les tests PCR seront très importants. Il faudra notamment tester régulièrement (minimum 1x/an) :
- tous les animaux entre 1 et 5 ans ou qui n’ont pas mis bas au moins trois fois
- les chèvres jugées “à risque” : 2 à 3 semaines avant la mise bas (pour avoir le temps de réceptionner les résultats avant celle-ci, mais pas plus tôt afin de se situer déjà dans la baisse d’immunité autour du chevrotage) : cela permettra de savoir si la mère risque de contaminer ses chevreaux. Si une chèvre est dépistée positive au cours de sa gestation, il est plutôt recommandé de lui retirer ses chevreaux à la naissance afin d’éviter leur contamination. Il sera alors nécessaire de leur apporter un colostrum thermisé (60°C pendant une heure) ou un colostro-remplaceur en poudre puis de les nourrir artificiellement.
- les chèvres au moment du sevrage de leurs chevreaux afin de savoir si elles ont pu les contaminer ou non (les faire alors partir uniquement pour compagnie).
Les prélèvement de matière fécale peuvent être effectués idéalement en 2 ou 3 fois sur une période de 4-5 jours puisque les excrétions asymptomatiques sont souvent intermittentes (alors test en pool, mais le prélèvement ne pouvant pas être conservé de manière fiable plus d’1 semaine au frigo/congélateur, il ne faut pas dépasser la période de 5 jours (car + temps d’arriver au labo) si on veut regrouper les prélèvements en 1 seul test).
-
Pendant plusieurs années, il est conseillé de séparer dès la mise-bas chaque mère accompagnée de son/ses chevreau(x) jusqu’au sevrage dans une loge à part, au cas où elle serait elle aussi porteuse de paratuberculose sans avoir encore été détectée. Ceci concerne surtout les femelles qui étaient chevrettes au moment de la détection d’un cas positif (car plus à risque d’avoir été contaminées par lui vu leur jeune âge au moment des fait). L’éleveur devra alors prendre certaines précautions en passant de boxe en boxe : port d’overshoes, désinfection etc.
-
Il est également conseillé de ne plus faire pâturer les chevreaux de moins d’un an dans les prairies dans lesquelles un animal positif aurait lui-même pâturé et ce pendant 18 mois minimum.
-
Procéder à des désinfections paraît également important, même si les désinfectants efficaces sont peu connus. La javel et le Kenocox seraient indiqués.
Attention, nous sommes conscients que ces mesures ne sont pas toujours applicables en fonction des moyens financiers et des infrastructures disponibles. Ce ne sont que des pistes de réflexion pour aider les éleveurs à gérer après avoir eu des cas ou des chèvres à risque.